Ce cours est  destiné aux étudiants inscrits en master FLE.

COURS : ENSEIGNEMENT DE L’ORAL    MASTER FLE              

 

 Développer les compétences à communiquer à l’oral constitue parfois pour les enseignants un défi : qu’entend-on par « oral » ? Quelle place doit-on accorder à l’oral vis-à-vis des autres compétences ?

 

L’oral fait partie intégrante de l’enseignement/apprentissage du français. La communication orale joue un rôle primordial dans un programme d’enseignement équilibré. Elle favorise le développement de la conscience phonologique et syntaxique, et l’acquisition du vocabulaire et des structures langagières sur lesquelles s’appuient  les élèves pour comprendre, lire, écrire et communiquer en français. C’est ainsi que les élèves qui ont acquis des habiletés en communication orale voient progresser leurs compétences en lecture (p. ex., comprendre des textes) et en écriture (p. ex., élaborer des idées). L’interdépendance entre les domaines d’étude du français, soit la communication orale, la lecture et l’écriture, permet l’acquisition de compétences indispensables dans toutes les matières scolaires et amène les élèves à relier savoirs et vécu. Chacun de ces domaines conserve sa spécificité, mais tous sont axés sur la construction de sens. Ainsi, l’acquisition de compétences dans un domaine contribue à l’acquisition de compétences dans les autres domaines.

 

Le langage oral

Le langage est un des moteurs principaux du développement cognitif de l’élève. Le langage réceptif (l’écoute) rend possibles le traitement de l’information et l’approfondissement de la compréhension, tandis que le langage expressif (la prise de parole) permet l’articulation de la pensée. Les enseignants des cycles primaire et moyen observent chez leurs élèves l’utilisation de ces deux formes du langage et leurs composantes, soit le contenu, la forme et la fonction. Ils planifient leurs interventions selon les besoins de leurs élèves, tout en misant particulièrement sur le développement des consciences phonologique et syntaxique de ceux-ci et sur l’étude de vocabulaire et des notions grammaticales.

 

Composantes du langage

Lorsque les enseignants préparent une activité langagière, ils interviennent simultanément, de façon directe ou indirecte, au niveau des trois composantes du langage, c’est-à-dire :

 

• le contenu, soit l’aspect sémantique du message (p. ex., l’utilisation d’un vocabulaire  précis pour comprendre ou exprimer un message);

• la forme, soit l’aspect morphosyntaxique du message (p. ex., l’utilisation des conventions linguistiques pour comprendre ou exprimer un message);

• la fonction, soit l’aspect pragmatique du message (p. ex., le but et l’intention de la communication).

 

La motivation

Tout apprentissage passe par l’affectif, car la motivation des élèves est en lien direct avec les émotions qu’ils ressentent lorsqu’ils sont plongés dans une situation ou une activité scolaire. Quand les élèves ressentent du plaisir et de la fierté dans ce qu’ils font, ils persévèrent pour comprendre les nouveaux apprentissages et les transférer dans de nouveaux contextes.

 

Pour motiver leurs élèves à développer leurs habiletés langagières, les enseignants s’assurent que les sujets et thèmes sont significatifs ou familiers pour eux et reflètent leurs champs d’intérêt. En outre, il importe d’établir un rapport de confiance avec chaque élève et de valoriser les accomplissements personnels ou sociaux de chacun ou chacune, si modestes soient-ils.

Par ailleurs, il faut faire participer les élèves dans la démarche d’apprentissage,

leur indiquant clairement l’objectif et les attentes de toute activité avant de les y engager, sans quoi il leur sera difficile de trouver en eux l’attention soutenue et la motivation réelle nécessaires pour s’investir.

Afin de développer ou de maintenir cette motivation chez les élèves, l’enseignante ou l’enseignant :

• transmet sa passion pour la communication orale;

• planifie des activités qui permettent la participation de tous;

• souligne la nécessité de l’effort;

• reconnaît les compétences de chacun ou chacune.

Les élèves accorderont plus de valeur aux apprentissages dans un environnement

sans risque, axé sur le respect et la confiance mutuelle. Dans ce climat essentiel  pour motiver les élèves, ils apprennent qu’il faut passer par de petits apprentissages pour atteindre une plus grande maîtrise.

 

La communication orale au centre de l’apprentissage

L’objectif d’une planification stratégique dans l’enseignement des habiletés en

communication orale, permet aux enseignants de cibler les stratégies à enseigner et de planifier des activités visant à améliorer les compétences langagières des élèves.

Il y a deux grandes catégories de stratégies de communication orale : les stratégies d’écoute et les stratégies de prise de parole. Elles constituent le fondement d’une bonne communication orale, par contre elles ne sont pas innées. Les jeunes élèves ont une grande capacité d’observation et détectent souvent si la communication est efficace ou non, cependant ils ne savent pas toujours sur quoi et comment porter  leur attention, ni comment se faire comprendre.

L’enseignement explicite des stratégies d’écoute et de prise de parole aide les élèves à devenir des auditeurs attentifs et des locuteurs efficaces, ce qui favorise le développement de leurs connaissances et leur compréhension de la langue.

Les stratégies de communication orale s’acquièrent par un enseignement explicite, suivi d’un entraînement quotidien au moyen d’activités interdépendantes dans les trois situations d’enseignement, à savoir l’interaction verbale, l’expression et la présentation orale. L’élève parvient ainsi à apprendre, à écouter avec attention, à agir avec respect et à prendre la parole. Certaines stratégies l’incitent à reconnaître l’impact du langage non verbal (p. ex., posture, expression faciale, gestes) et à se servir de ce langage pour acquérir de la confiance en soi et appuyer son message (p. ex., au moment de raconter une histoire).

 

La démarche d’enseignement explicite de la communication orale

Les quatre étapes de la démarche d’enseignement explicite de la communication orale sont :

le quoi, où l’enseignante ou l’enseignant définit la stratégie;

le pourquoi, où l’enseignante ou l’enseignant explique l’utilité de la stratégie;

le comment, où a lieu l’enseignement de la stratégie par le modelage et les pratiques guidée, coopérative et autonome;

le quand, où l’enseignante ou l’enseignant précise le moment où la stratégie peut être utile.

Un principe fondamental de la démarche d’enseignement explicite est le transfert graduel de la responsabilité de l’apprentissage. Au début de la démarche, les enseignants soutiennent entièrement l’apprentissage des élèves par le modelage. Puis, au cours des pratiques guidée et coopérative, ils cèdent graduellement la responsabilité de l’apprentissage aux élèves, jusqu’à ce que ceux-ci appliquent la stratégie de façon autonome et démontrent qu’ils savent la transférer à de nouvelles situations.

Tout au long de l’apprentissage, il est indispensable de présenter aux élèves des exemples riches et variés qui illustrent les avantages de mettre en application des stratégies d’écoute et de prise de parole dans une variété de contextes. On suggère d’introduire chaque stratégie en présentant aux élèves un contre-exemple et un exemple de son utilisation tout en s’assurant que les élèves ont la capacité de discerner la différence entre les deux.

 

 Les stratégies d’écoute

L’écoute est la condition préalable à une communication réussie, elle implique une réelle ouverture à l’autre, notamment au cours d’échanges entre camarades. On enseigne explicitement les stratégies d’écoute pour amener les élèves à témoigner du respect envers leurs locuteurs, mieux comprendre le sens des messages et savoir quand et comment demander une précision supplémentaire ou réagir à ce qui est dit.

Au fur et à mesure qu’ils apprennent à écouter efficacement, les élèves comprennent l’importance du rôle qu’ils jouent, en tant qu’auditeurs, pour rendre les échanges avec les autres plus intéressants.

Les besoins d’apprentissage du groupe classe et les besoins particuliers des élèves déterminent le choix d’une stratégie d’écoute et le temps d’enseignement à lui consacrer. On présente ici une liste des stratégies d’écoute dont l’enseignement est pertinent aux cycles primaire, moyen et secondaire dans un ordre qui reflète une progression logique : en  pratique, on doit trouver le sens du message avant de vérifier sa compréhension.

 

Les principales stratégies d’écoutesLes principaleségies d’écoute

• Suivre les règles de politesse

• Prendre une position d’écoute

• Activer ses connaissances antérieures

• Trouver le sens du message

• Associer les gestes et les expressions faciales aux paroles

• Redire dans ses mots

• Vérifier sa compréhension

• Prendre des notes

• Réagir au message

 

Les stratégies de prise de parole

Les stratégies de prise de parole aident les élèves à s’exprimer pour, entre autres, raconter, décrire, convaincre ou divertir. Elles leur permettent également de  comprendre l’impact  des expressions faciales et corporelles dans une  communication orale (p. ex., pour négocier, collaborer). Par ailleurs, les élèves apprennent graduellement comment établir un bon contact et exploiter leur voix, ce qui facilitera leurs diverses prestations devant un auditoire de plus de plus large. On cherche ainsi à les amener à comprendre comment créer un lien de confiance et de respect avec les autres, capter leur intérêt et mieux se  faire comprendre.

Les besoins d’apprentissage du groupe classe et les besoins particuliers des élèves déterminent le choix d’une stratégie de prise de parole et le temps d’enseignement à lui consacrer. Par exemple, pour travailler la stratégie contrôler sa voix, on commence par enseigner comment bien articuler puis, au cours de séances subséquentes, comment utiliser la voix pour exprimer des émotions et ajuster son volume et son débit pour bien se faire comprendre. On présente ci-contre une liste des stratégies de prise de parole dont l’enseignement est pertinent aux cycles primaire, moyen et secondaire dans un ordre qui reflète une progression logique : en pratique, on doit utiliser une posture et des gestes appropriés avant de préparer sa présentation.

Les principales stratégies de prise de parole

• Savoir pourquoi parler

• Établir un contact

• Parler avec respect

• Employer des mots justes

• Utiliser une posture et des gestes appropriés

• Utiliser une expression faciale appropriée

• Contrôler sa voix

• Préparer sa présentation

 

L’évaluation

L’évaluation de la communication orale est un processus continu exigeant des enseignants d’observer à la fois le raisonnement, la compréhension et la mise en application des compétences des élèves au niveau du langage. Elle suppose des interventions fréquentes, soigneusement planifiées et organisées et fait appel à la collecte de données provenant de diverses tâches que l’élève a accomplies. Les évaluations diagnostique, formative ou sommative s’effectuent à des moments propices selon l’objectif d’enseignement (p. ex., la mise en application des stratégies d’écoute ou de prise de parole). ation diagn

 

EEVA

•  Est effectuée au début d’une unité ou d’une étape.

• Sert à déterminer les connaissances et les habiletés acquises par l’élève avant le début de l’enseignement.

Evaluation diagnostique

 

• Est effectuée tout au long de l’apprentissage et de l’application des acquis

• Sert à déterminer commentl’élève procède, ce qui l’empêche de progresser et comment il ou elle peut améliorer son apprentissage.

Evaluation formative

 

• Est effectuée à la fin d’une

unité ou à tout autre moment jugé opportun

• Sert à déterminer le niveau

de développement des compétences visées et la satisfaction des attentes.

Evaluation certificative

sommative

 

L’aspect fortement social et interactif de la communication orale fait de l’observation directe, la stratégie d’évaluation à privilégier. L’enseignante ou l’enseignant vérifie sur le vif et note de façon systématique le savoir, le savoir-faire et le savoir-être des élèves dans toutes les situations d’interaction verbale, d’expression ou de présentation orale. Ces observations détaillées aident les enseignants à planifier de façon réfléchie et rigoureuse des activités ludiques, signifiantes et authentiques pour soutenir et encourager le développement des compétences dans ce domaine.

La collecte de données d’observations est suivie d’une réflexion sur les forces et les besoins des élèves, et sert à prendre des décisions éclairées pour ajuster l’enseignement et à fournir à chaque élève un soutien approprié pour l’aider à progresser. Les résultats de l’analyse des données servent à planifier les prochaines étapes et à établir les balises pour offrir un enseignement différencié. Dans une évaluation sommative de la communication orale, les enseignants doivent adapter la grille d’évaluation du rendement du programme de français en fonction des critères établis dans ce domaine pour la tâche à réaliser.

 

Dans leur planification, les enseignants prévoient évaluer quelques  élèves quotidiennement puisqu’il est impossible de les évaluer tous en même temps. Il importe d’observer les élèves dans divers types de regroupements et dans différentes situations de communication orale, car certains élèves peuvent démontrer différents niveaux d’habiletés selon le contexte.

L’enseignante ou l’enseignant évalue le comportement des élèves au cours des activités en vue de vérifier l’utilisation qu’ils font du langage réceptif et expressif. Le résultat de ces observations lui permet d’offrir le soutien nécessaire à chaque élève pour l’impliquer plus activement dans les échanges verbaux et la réflexion à haute voix.

 

Quelques indications bibliographiques

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BUJOLD, N. (1997). L’exposé oral en enseignement. Québec : Presses de l’Université du Québec.

CHABANE, J.-C. & BUCHETON, D. (dir.) (2002). Parler et écrire pour penser, apprendre et se construire. Paris : PUF.

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Tochon, François Victor. 1997. Organiser des activités de communication orale.

Sherbrooke, Éditions du CRP